La Musique [IV]

Greenwich Cavern, Karelia, Scorpions (17/10/2010) "Galaxie d'Amnéville"



* Greenwich Cavern : quelques peu en retard ce soir, nous sommes arrivés au milieu du set de ce groupe. Je n'ai donc pas grand-chose à en dire, sans compter qu'à peine arrivé dans la salle, je suis retourné dehors afin d'aller me prendre une bière, abandonnant là mon frangin et Jack, en espérant les retrouver tout de suite après. C'était sans compter le bordel indicible régnant dans la salle, et le manque de lumière certain, m'empêchant de retourner à l'endroit où je les ai laissé. Quelques temps plus tard on finit par se retrouver, puis on se diriger vers la partie gauche de la fosse, avec la ferme intention de s'avancer un peu. Pas de chance, bloqués à mi-parcours par un vieux con et un mec du genre "enfant de l'union d'une armoire à glace et d'un réfrigérateur, élevé aux hormones & stéroïdes". Pas le choix, on regarde la fin du set en restant là, sans pour autant y prêter réellement attention, et sans le voir venir, ce 1er groupe finissait déjà son set. Donc pas grand-chose à dire puisque je n'en ai quasiment rien retenu, à l'exception du chanteur qui utilisera parfois un harmonica, ajoutant de la couleur à une musique assez monotone dans l'ensemble.

* Karelia : on monte d'un cran avec Karelia, un mélange de Heavy/Power Metal avec de grosses influences électroniques, tendant vers l'Industrial. Le groupe montera sur scène avec comme fond un vrombissement de basse abominable, mais corrigera bien vite cette erreur grâce à un show enthousiaste et très prenant. Les personnes me connaissant savent parfaitement que le Heavy n'est vraiment pas ce que je préfère, mais là je dois avouer que Karelia est un groupe qui sort du lot. Le chanteur a beaucoup de talent, et le solo de batterie dont on sera gratifié me laissera quand même très impressionné. Pendant 40 minutes environ, j'ai donc headbangé avec mon frère... alors que la fosse ENTIERE restait de marbre, et il en fallait beaucoup pour réussir à arracher à ces véritables statues ne serait-ce que quelques applaudissements pour un groupe qui faisait tout pour mettre l'ambiance. Ne connaissant pas du tout ce groupe auparavant, j'ai donc été très agréablement surpris, mais aussi très déçu que personne dans ce tas de vieux que composait le public ne se donne la peine de saluer la prestation du groupe, en gardant une idéologie du genre "je m'en fous, moi je veux voir les Scorpions". C'est pas en conservant cet état d'esprit que le renouveau du Rock se fera, bande d'abrutis. Je me félicite d'être dans une génération où l'on nous passe de la musique de merde à la radio ou à la TV, mais où il semblerait y avoir plus d'ouverture d'esprit. Après quelques musiques particulièrement bien foutues, le groupe quitte la scène : ce sera bientôt au tour des mythiques Scorpions d'y monter.

* Scorpions : après une bonne demi-heure d'attente sur fond de musique de merde (et là je mens pas : Pink à un concert de Scorpions, c'est comme passer du Eminem avant Cannibal Corpse, quoi), les stars de la soirée montent sur scène. Vieillis mais toujours énergiques, les 5 compères commenceront le show sur les chapeaux de roue... Pour s'essouffler progressivement, malgré une évidente bonne volonté. A 60 ans, on ne peut pas leur en vouloir, bien évidemment. Je regrette la setlist, particulièrement orientée sur le dernier album du groupe (que je n'aime pas du tout), et faisant la part belle aux musiques les plus calmes. Evidemment, Still Loving You était incontournable, mais enchaîner 3 musiques dans le style sirupeux de cette chanson, ça casse vite les burnes... On vient voir du Hard-Rock à l'ancienne, du vrai, avec des couilles, et on tombe sur une setlist composée à moitié de balades, ce qui est assez frustrant. Sans oublier la double vraie-fausse fin de The Best Is Yet To Come. Déjà que la chanson en elle-même n'est vraiment pas géniale, voilà que le groupe s'est amusé à finir la musique une première fois, à laisser un blanc le temps de laisser le public hurler (dans une idée du style "petite pause pour laisser le temps au public de crier son amour pour nous"), puis à refaire exactement la même fin juste après, en reprenant la musique. Laissons de côté les balades dont le groupe nous gratifiera (même si ce mot ne convient vraiment pas), et voyons plutôt les passages où les fameux Scorpions retrouvent leurs couilles. Je pense notamment à une musique que j'attendais particulièrement, Dynamite. Très bien, beaucoup de pêche, la puissance est au rendez-vous... Mais quand le groupe se réveille, les vieux ayant quittés l'hospice relativement tôt et n'ayant pas eu le temps de faire leur sieste qui composent le public s'endorment. Ainsi, l'une des musiques les plus entraînante du groupe est passée quasi-inaperçu dans le set, alors que tout le monde chialait à moitié en répétant "The Best Is Yet To Come" et en remuant les bras dans les airs quelques temps auparavant. Alors OUI, cela fait plaisir de découvrir un public diversifié, où l'on retrouve différentes générations, mais c'était sans compter le fossé entre ces générations. Là où les plus vieux regardent le groupe avec nostalgie en repensant à leurs jeunes années, les personnes d'un âge moins avancé admirent le groupe jouer ses musiques les plus calmes, une petite larme au coin de l'oeil, boudant les musiques plus "violentes". Sans oublier la jeune génération, dont je pense faire partie, où l'on chante simplement sur les morceaux calmes, en espérant bouger un peu sur le reste... Ce qui ne se fera pas, le moindre début de headbanging attirant les regards et les remarques du style "mais il est pas normal, qu'est ce qui se passe?", ou similaire.



Pour conclure, je dirai simplement que les temps changent, et les générations font de même. Les personnes les plus âgées ne semblent pas comprendre que l'on puisse prendre plaisir à se déchaîner sur une musique plus entraînante, ne serait-ce qu'en secouant la tête. Il est tant de comprendre que le renouveau du Rock et son futur, c'est nous. Et que nous ne sommes pas cinglés si l'on bouge de façon aussi bordélique lors des concerts, mais que nous apprécions simplement le fait de pouvoir parfois nous défouler en toute légalité, dans un monde où tout est interdit au fur et à mesure. Les Scorpions ont livré un bon show, malgré une setlist très moyenne, mais accusent leur âge, de par la perte de puissance graduelle tout au long du concert. Je retiendrai plus aisément Karelia, qui, même si le public n'était aucunement réceptif aux efforts déployés, a su se démarquer à mes yeux.

Les temps changent, les générations changent, la musique change. Le monde du Rock a évolué vers le Hard Rock, pour ensuite donner naissance au Metal, et à une tripoté de genres et de sous-genres qu'il serait long et fastidieux d'essayer de citer dans son entièreté. Il ne faut pas oublier la base de ce style, c'est clair. Mais il ne faut pas pour autant renier la relève du Metal, et par extension du Rock et du Hard-Rock. Car sans nous et les générations à venir, ce genre bénit sombrerait définitivement dans l'oubli.