La Musique [IV]

Night Fest Metal (02/04/2011) @ "L'Entrepôt"



* Vortex Of End : après un (assez court) voyage d'une quarantaine de minutes coupé par une légère pause le temps d'aller chercher quelques bières nécessaires au temps de trajet, mon frère et moi arrivons à Arlon, devant ce que l'on pourrait assimiler à une grange portant un grand écriteau "L'ENTREPÔT". Quelques difficultés à se garer plus tard, nous attendons qu'arrivent Ludo, ainsi que Shannon et son père, ce qui ne tardera pas. C'est après les paroles d'usage, le plaisir de retrouver ma chérie et les quelques bières terminées que l'on se rend à l'intérieur : la buvette nous attend (il faisait chaud hein, ça explique tout). A peine avons nous finis d'acheter nos consos que démarre le premier groupe de l'après-midi (étant donné le nombre de groupes pour ce mini-fest, les concerts ont en effet débuté vers 16h15, initialement prévu à 16h), Vortex Of End fait donc son entrée sur scène. Ce groupe Ardennais officie dans un Black Metal teinté de Death qui n'est pas sans rappeler Angelcorpse (dans une moindre mesure). Les titres s'enchaînent, sans doute trop vite : la communication avec le public ne semble pas être leur fort. Le groupe se rattrape cependant musicalement parlant : un Black Metal de qualité, agressif, violent, et puissant. Sans afficher une technique monumentale, le mot d'ordre semble être : "il faut qu'on fasse du bordel". Et la sauce prend : incisives, les musiques se veulent assez souvent froides et brutales, la batterie alternant entre blast beats et rythmes martelés sur fond de double pédale; la guitare joue sur une idée de rapidité pour le principal, avec quelques accords tenus renforçant la froideur générale; le tout surplombé par un chant que je qualifierai de "normal" pour le style opéré. On en vient donc à ce qui m'a particulièrement dérangé (pour être honnête, un point noir assez conséquent sur le tableau) : la basse. Non pas que ce que le bassiste faisait soit mauvais, mais il avait malheureusement ajouté ce qui ressemblait à de la distorsion, rendant le son qu'il dégageait assez sale et parfois même quasi-incompréhensible. Je sais, le TRVE BLACK METAL OV DEATH est censé être dégueulasse, putride, avec un son particulièrement crade, mais sérieusement, là j'arrivais pas à m'y faire. C'est bien triste, car ce groupe semble pourtant réellement avoir du potentiel dans ce qu'ils exercent.

* Coalition : assurément LA grosse déception. Je ne connaissais pas du tout ce groupe, et ce n'est peut-être pas si grave que ça : malgré un guitariste et une bassiste carrés et plongés dans leur jeu, le faisant ressortir de la meilleure manière qu'il soit, et un chanteur puissant, le batteur va pourtant gâcher toute cette machine bien huilée. Dans un premier temps, il faut dire que le son était assez mou du genou pour du Death Metal. Je sais très bien que des pointures de ce style ne partent pas dans des tempos ultra-élevés (je pense notamment à Obituary ou Bolt Thrower, par exemple) et restent des références du genre, mais là... La musique manquait clairement de pêche, et ça s'est clairement ressenti à travers le jeu laborieux du batteur : non content de n'avoir que des parties bidons où la double pédale en 8èmes de notes restait dans des tempos dignes d'un Doom Metal dépressif, il a réussit à perdre une baguette (ça peut arriver, mais dans tel cas, on essaye au moins de maintenir un élément : grosse caisse, charley, etc... lui a carrément arrêté le tout), ce qui peut arriver, je suis d'accord et parfaitement compréhensif sur ce point (étant moins même assez souvent sujet à ce problème), mais il a par la suite réussit à perdre 4 fois le rythme, toujours dans des plans rythmiques d'une simplicité frappante (en conservant ses baguettes cependant, y'a progrès). C'est donc après quelques morceaux à peine que je vais me chercher un verre, puis que je m'attable avec Davy et Julien "Truch" Truchan, chanteur de Benighted, avec qui nous engagerons la discussion pendant un bon bout de temps. Le temps du set de Coalition, quoi.

* Pestifer : ayant déjà écouté l'album des liégeois de Pestifer, j'attendais de voir ce que donnerait leur prestation live. Je dois avouer être un peu déçu, je m'attendais à quelque chose de plus prenant, de plus couillu. Le Death technique de nos amis belges reste de qualité, mais perd une grande partie de sa splendeur en live. Le son était pourtant bon, le groupe n'a pas fait d'erreur et a réalisé son set avec brio, mais pour je ne sais quelle raison, le rendu live est décidément moins bon que sur album. C'est donc en tant que fond sonore que Pestifer jouera, pendant que la discussion avec quelques autres membres de Benighted reprendra (à savoir Liem "Litchy" N'Guyem et Eric "Candy" Lombard). Il est d'ailleurs très plaisant de voir que ces gars ne se prennent pas au sérieux et n'hésitent pas à discuter avec leur public avant/pendant/après leur set.

* Resistance : mon estomac (et celui des autres) faisant savoir son impatience par divers gargouillis (me rappelant au passage que NON, la bière ne constitue pas un réel repas), je n'assisterai pas au show de Resistance, au profit d'un Dürüm et d'une grande frite. Selon Davy, il semblerait que j'ai raté quelque chose, ce qui se confirmera à moitié après écoute du groupe sur leur MySpace. Resistance semble opérer dans un Deathcore lourd et assez puissant, qui aurait sans doute pu me plaire en live. Mais n'étant pas très porté sur le Deathcore en général, je n'avancerai rien, en espérant les voir un jour histoire d'étayer mon jugement.

* Kronos : c'est en compagnie de ma chère et tendre que j'attends le début du show de Kronos. Je dois avouer que c'est sans doute le groupe dont j'espérais le plus ce soir, appréhendant légèrement à cause de leur nouveau chanteur. En effet, la voix de Christophe "Kristof" Gérardin ayant accompagné le groupe depuis ses débuts, il est assez difficile de lui trouver un équivalent (surtout quand on connait la voix incroyablement profonde de ce gars). Pourtant, le nouveau venu (semblant lui aussi s'appeler Christophe, je crois) écossais reprendra le flambeau de manière admirable, dans un registre peut-être un poil plus varié. C'est sur le titre ultra-brutal "Mashkhith" que le groupe débute son set : autant dire que ça démarre bien. C'est aussi au moment précis des premières notes du show de Kronos que je vais moi-même commencer à me prendre des baffes à répétition. Je savais pertinemment que Michaël "Mike Sako" Saccoman était un batteur d'exception, c'est clair et net. Mais le voir sur scène prend une toute autre ampleur. Ce gars dispose d'un talent tout simplement monstrueux : non content de jouer des parties rythmiques d'une complexité monumentale, il semble en plus particulièrement à l'aise, et ne montre aucun signe de fatigue malgré l'aspect véritablement titanesque de son jeu. C'est donc comme un barbare que j'irai me jeter dans la fosse pour aller secouer la tête sur LA musique que je voulais les voir jouer, à savoir "Eternal Mindtrap". Les titres s'enchaîneront, les claques aussi, le tout entrecoupé de remerciements divers par le boeuf écossais ayant repris le chant, que j'admire beaucoup au passage (je l'ai dit : reprendre là où s'est arrêté l'ex-chanteur de Kronos, c'est vraiment pas donné à tout le monde). La virtuosité de Mike et celle de Chris ne sont pas uniques cependant : Richard "Ricardo" Chuat et Jérôme "Gramms" Grammaire montreront qu'eux aussi sauront faire baver tous les guitaristes présents dans la salle, sans oublier Tom Viel, qui, non content d'exécuter des lignes de basse abominablement torturées, s'en donnera à cœur joie à travers le bordel et l'ambiance qu'il mettra sur scène. Le groupe jouera donc des titres décidément monstrueux en live, tels que "Ouranian Cyclops" ou encore "Blood Tower", le tout pendant que mon frère et moi headbangons à nous en démettre les cervicales.Mention spéciale pour "Outrance" et ses quelques 4 secondes, haha.

* Benighted : pour être tout à fait sincère, le groupe que j'attendais le plus ce soir était Kronos. Evidemment, voir Benighted me faisait extrêmement plaisir aussi, mais jusqu'alors, j'avais toujours été porté plus aisément par le Brutal Death mythologique de Kronos que par le bordel Brutal Death/Grindcore de Benighted (bien que j'apprécie celui-ci aussi). Ce concert les a désormais placé sur un pied d'égalité pour ce qui est de mes préférences. En effet, Benighted est un groupe qui ne peut réellement développer la totalité de sa puissance que sur scène. Un album d'eux reste un gage de qualité, c'est clair et net, mais les voir foutre un bordel monstrueux en live n'équivaut en rien à la simple écoute d'une de leurs galettes. C'est donc pour défendre leur dernier album en date, à savoir l'excellent "Asylum Cave", que le groupe monte sur scène ce soir. Et c'est une réussite totale. C'est d'ailleurs pour moi la 2ème grande tartine dans la gueule de la soirée : ma discussion précédente avec Julien (chant) avait à un moment porté sur Kevin "Kikou" Foley, le batteur du groupe, qui, derrière ce pseudonyme léger et son aspect calme, est en fait une véritable machine. Julien m'avait bien prévenu que Kevin était en effet un batteur doué d'un talent impressionnant, résidant dans sa technique extrêmement bien développée, mais aussi et surtout sur sa faculté d'assimilation (pour la petite histoire, avant de rejoindre Benighted, le gars en question n'avait quasiment pas fait un blast de sa vie. C'est 3 semaines plus tard qu'il maîtrisera cette technique, puis le gravity blast, sans difficulté aucune).J'ai donc passé une bonne partie de leur set, Shannon dans mes bras, les yeux rivés sur Kevin, me demandant bien comment ce qu'il faisait était humainement possible. Mais les autres membres ne sont pas en reste, car malgré mon attention particulièrement retenue par le batteur, les autres membres se démarquent aussi, spécialement pour leur côté assez déjanté (ce qui, par ailleurs, contraste pas mal avec Kronos, peut-être plus "sobres" sur scène que Benighted). Julien sait comment tenir son public dans sa main, en ne perdant pas une occasion de montrer qu'il veut que la barrière groupe/fans vole en éclat, pour ne faire qu'un tout avec tout ça (et par le fait, montrer que le groupe n'a clairement pas pris la grosse tête et se veut communicatif et proche de ses fans, malgré leur statut de groupe phare du mouvement Brutal Death français), sans oublier sa prestation monumentale et très accrocheuse, justement grâce à la sympathie qu'il dégage, mais aussi à la puissance de sa voix, mettant tout le monde sur le cul. Olivier "Gab" Gabriel (guitare) et Eric le bassiste déjanté ne seront pas en reste, notamment ce dernier, faisant preuve de beaucoup de communication avec le public, incitant toujours à plus de bordel encore. Liem (guitare) restera très légèrement plus réservé que ses compères. Je dis "très légèrement" car d'une part, m'étant placé avec Shannon sur la droite de la scène, il était le plus éloigné de moi, et le moins visible; mais surtout car il restera quand même dans l'ambiance du groupe, ne faisant tout de même pas "tâche" dans tout ce beau bordel. Les titres se suivent et ne se ressemblent pas, ce qui est un fort pour un groupe de Brutal Death, où l'on a parfois tendance à tourner en rond. C'est sur le morceau "Slut" que je rejoins mon frère dans la fosse pour aller gueuler les paroles, ayant par la même occasion la possibilité de me placer juste devant la scène, pile en face... des pieds de Kevin. Sacré leçon de double pédale pour moi. En vrac, on retrouve "Let The Blood Spill Between My Broken Teeth", "Asylum Cave", et je crois me souvenir avoir entendu le groupe jouer "Prey", à travers une setlist qui, vous l'aurez compris, privilégie le dernier album en date. Ce qui n'est définitivement pas un problème, étant donné la qualité du dernier effort actuel de Benighted.



Pour conclure, je dirai que c'était un excellent fest, le principal pour moi était que Kronos et Benighted fassent tous deux un bon set. Là-dessus, j'ai clairement été exaucé.On retient quelques trucs ici et là : les discussions diverses avec les gars de Benighted, l'arrivée en short-pieds nus de Balmuzette (batteur de Black Bleeding) dans la fosse, les pogos assez violents mais bien sympathiques, la perte de la baguette de Kevin (batteur de Benighted), qui, pas déboussolé pour autant, continue ses rythmes avec une main en moins -ce dont le batteur de Coalition ferait peut-être mieux de prendre de la graine- le temps de réussir à en récupérer une autre (de baguette, pas de main), les prestations de ce dernier et de Mike (batteur de Kronos) m'ayant particulièrement impressionné, etc etc...Merci à tous les gars, et je dis à bientôt au gars de Benighted, je serai là pour votre prestation au Summer Breeze, c'est clair!



MISC :

-Achat de l'édition limitée du dernier Benighted, puis signé par tout le groupe.

-Achat du bonnet Kronos (yep =), et d'une affiche, signée par -presque- tout le groupe (visiblement Chris, le nouveau chanteur, était en loges).

-Obtention d'un médiator de Liem (guitariste de Benighted) par mon frangin.